👋 Hello, c’est Julien !
J’espère que tu vas bien.
Bienvenue dans l’édition #36 de Screenbreak. 💌
De retour d’une semaine à Rome ce matin-même. Je fus émerveillé : une ville aussi magnifique que chargée d'histoire.
Ce voyage était aussi l’occasion rêvée de bien déconnecter (et de bien manger 🍕🍝).
Rassure-toi, le titre n’est pas une faute d’orthographe.
On a beaucoup parlé dans Screenbreak des impact du numérique excessif sur la cognition et la santé mentale, mais pas encore sur la santé physique.
L’édition d’aujourd’hui part de ce constat : il y a l’économie de l’attention pour l’esprit, et l’économie de la tension pour le corps. Deux faces de la même pièce.
On vient par ailleurs de dépasser les 1260 abonnés ici, merci 🫶
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Le mal (de cou) du siècle
Rides et bosses
Le rôle majeur de l’entreprise
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🕑 Temps de lecture : 5 min et 37 secondes
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Let’s gooo
🚑 Le mal (de cou) du siècle
On s’est intéressé souvent ici aux conséquences d’un usage excessif ou déséquilibré du numérique sur la concentration, la mémoire, ou le sommeil.
Pourtant, les habitudes digitales peuvent engendrer des stigmates physiques, dont l’ampleur croît rapidement ces dernières années.
Et c’est quelque chose que j’avais complètement sous-estimé en m’intéressant à notre relation à la technologie.
Pourtant, c’est logique : on passe en tant que Français en moyenne 56 heures par semaine devant les écrans, soit 122 jours complets par an.
Le chiffre moyen est encore plus élevé pour les personnes dont le travail se fait quasi intégralement sur écran (comme moi 🤯).
Une grande partie de notre temps est donc dédié à l’utilisation des outils numériques. Fatalement, ça commence à se voir.
Notre attitude corporelle pendant cette surconsommation va avoir des répercussions physiologiques.
Pour s’adapter à nos usages, au format et la position des écrans, notre corps adopte souvent des postures contraignantes et contre nature.
Que l’on maintient parfois pendant des heures sans s’arrêter.
Certaines postures demandent de nombreux efforts aux muscles et aux articulations, qui accumulent de la tension et finissent par devenir douloureux.
Aujourd’hui je vais m’intéresser au plus connu des impacts : le « text neck syndrome ».
Littéralement, le syndrome du cou du texto.
Il désigne les douleurs au cou, à la nuque et au dos, induits par une posture que l’on prend en utilisant notre smartphone.
Et tu la connais, cette posture.
Cette position voûtée, la tête penchée vers l’avant et le cou rentré dans les épaules.
Observable partout, elle est devenue universelle et très symbolique de l’ère hyper-connectée.
Cependant, on commence à comprendre qu’elle a de réelles conséquences quand elle est récurrente et prolongée.
Elle augmente la pression exercée sur les premières vertèbres de la colonne vertébrale. Ce qui provoque des déséquilibres.
En 2014, une étude américaine menée par le Dr Kenneth Hansraja a mesuré la charge réelle supportée par la région cervicale quand on se penche en avant :
À un angle de 15°, la force qui agit est de 12 kilos.
À un angle de 60°, cette force atteint 27 kilos.
Tu l’auras compris : plus l’inclinaison de la tête est grande, plus la tension supportée par la nuque est importante.
Une grande partie de la population expose ses cervicales à une pression bien supérieure aux contraintes naturelles subies et supportées par le cou.
En moyenne, l’étude montre que l’on passerait entre 700 et 1400 heures de stimulation excessive de la colonne cervicale tous les ans.
Docteure Dominique Dufour, chiropraticienne, avertissait récemment :
« Cette usure prématurée peut être sans douleur pendant une longue période de temps. Il s’agit donc d’une condition sournoise. Parmi les symptômes qui peuvent en résulter, il y aura des engourdissements irradiant vers les bras ou les mains, des maux de tête, des maux de cou, une fragilité aux tendinites à la coiffe des rotateurs, c’est-à-dire aux épaules, des raideurs musculaires et articulaires dans le haut du dos »
On scrolle ou on textote souvent voûté au-dessus de l’écran. D’ailleurs, comment es-tu en train de lire cet article ?
Le réel problème ne réside pas bien sûr dans la ponctualité de la posture : le problème est de l’adopter pendant une période prolongée, et à répétition.
La puissance d’attraction du smartphone est très élevée, et on y passe de plus en plus de temps. Ces habitudes digitales ont un impact direct sur notre corps, qui s’adapte et se métamorphose.
La posture qui induit le syndrome « text neck » amène donc des douleurs et des risques.
Mais il amène avec lui aussi d’autres transformations, dont certaines assez insolites.
🐪 Rides et bosses
Depuis quelques années, plusieurs études montrent que le « text neck » se traduit par l’apparition de plus en plus jeune d’un pli sous le menton, au niveau du cou, qui se transforme petit à petit en ride profonde.
Elle est d’ailleurs baptisée la « ride du smartphone ».
La zone du cou est particulièrement fragile, et cette posture (adoptée de manière répétée et fréquente encore une fois) accélère son vieillissement cutané.
Selon la facialiste Jeanne Casimir, notre cou possède 200 à 300 nœuds lymphatiques, qui se retrouvent comprimés avec cette position du menton baissé : « la lymphe stagne, d’où l’aspect visuel de rides et l’effet double menton — tout est engorgé, rien ne circule ».
Des géants de la beauté font même de l’émergence de cette ride un business à part entière.
En Asie, Clarins a commercialisé depuis 2021 une crème jeunesse du cou multi-régénérante, afin de répondre à « une demande croissante ».
On soigne les conséquences sans se pencher sur les racines du problème.
Au-delà de l’aspect esthétique, qui peut sembler secondaire je te l’accorde, ceci montre que l’on assiste désormais à des symptômes visibles de l’hyper-connexion dans nos vies.
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En 2018, des chercheurs australiens ont analysé des radios de personnes âgées de 18 à 30 ans.
Ils ont découvert pendant leur étude chez 41 % d’entre elles l’apparition d’une petite excroissance à la base du crâne, en haut de la nuque, comme une petite bosse.
Selon ces scientifiques, ce genre d’excroissances osseuses était autrefois observé chez des patients beaucoup plus âgés, car elles résultaient d’une « charge à long-terme » sur le squelette.
Pour une explication un peu plus scientifique :
« Le fait de pencher sa tête en avant entraîne le transfert du poids de la tête, des os de la colonne vertébrale vers les muscles à l’arrière du cou. Cette charge accrue provoque un remodelage à la fois du tendon et des extrémités osseuses au niveau du point d’attachement. Le point de fixation du tendon sur l’os devient plus large pour répartir la charge sur une plus grande surface osseuse » - Dr David Shahar, à l’origine de l’étude
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Il y a une prise de conscience et une responsabilité individuelle par rapport aux problèmes de posture, c’est une évidence.
Mais pas seulement.
Si tu es salarié, l’entreprise a aussi sa part pour faciliter le bien-être des collaborateurs à ce niveau-là.
💼 Le rôle majeur de l’entreprise
Avec l’avènement du numérique, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont de plus en plus répandus chez les collaborateurs. Notamment chez ceux dont le travail se passe quasi exclusivement devant un écran.
Qu’il s’agisse de douleurs dans le dos, de tiraillements dans la nuque, de picotements dans le poignet, et bien d’autres encore.
Selon une étude de l’Ifop , la proportion de salariés souffrant d’au moins un TMS est de 86% en 2022. C’est beaucoup.
Et 77% attribuent ces douleurs à leur activité professionnelle.
Le mal de dos est le trouble le plus répandu (69%), devant les douleurs liées à la nuque (58%). Ils représentent donc un enjeu majeur pour la santé au travail.
Pourtant, selon cette étude :
47% des salariés jugent insuffisantes les conditions ergonomiques sur leur lieu de travail
73% des télétravailleurs (notamment à temps partiel) souhaitent que les entreprises financent des sièges ergonomiques
Il faut rendre l'environnement de travail propice à la productivité et au bien-être.
C’est le meilleur investissement possible pour une entreprise : faire en sorte de tirer le meilleur de ses ressources humaines.
Le terme posture vient d’ailleurs du latin positura, qui signifie position, mais aussi disposition.
Sensibiliser les collaborateurs aux bonnes postures, c’est participer à les mettre dans les bonnes dispositions pour travailler sereinement et efficacement.
Le travail sur écran met la zone cervicale en tension quasi-permanente.
Il faut non seulement ergonomiser les postes de travail, mais également prôner des pauses régulières pour éviter des positions statiques pendant des périodes trop prolongées.
Que ce soit en présentiel ou en télétravail.
Le bien-être numérique doit être une priorité pour garantir la santé physique et mentale des équipes.
Cela me fait penser à un échange que j’ai eu il y a quelques mois avec Ingrid Vacquerie, fondatrice d’Aum World. Des bureaux assis-debout qui cartonnent.
⚖️ Redresser la barre
Je ne suis pas scientifique ou chiropracteur. En revanche, j’ai trouvé quelques pistes intéressantes pour travailler la problématique de la posture.
Premièrement, ce schéma complet concernant la posture pour le travail sur ordinateur portable, tiré d’un article de l’INRS.
La chose que j’essaie de faire à 100% désormais est l’écran à hauteur des yeux, et je tente au maximum d’appliquer le reste.
Je mets un point d’honneur à faire des pauses régulières aussi, pour reposer à la fois l’esprit mais aussi le corps. Le corps aime naturellement le mouvement et n’aime pas être statique trop longtemps.
Concernant l’utilisation du smartphone, voici deux choses que j’applique au quotidien :
Le tenir plus haut. J’essaie de le mettre au niveau des yeux sans me pencher en avant. C’est une position bizarre au début, mais on s’y habitue vite.
Conscience de la posture : Dès que je me surprends « en text neck », je me redresse immédiatement. De la correction en conscience. Après avoir pris conscience des impacts, j’essaie de prendre conscience de mon comportement plusieurs fois par jour. Je connais certaines personnes qui programment même des alarmes pour se le rappeler.
Bien d’autres exercices posturaux existent, mais je laisse le soin aux spécialistes d’en parler.
De mon point de vue, il devient urgent de retrouver une bonne posture vis-à-vis du digital, et une bonne posture tout court.
Un usage déséquilibré et/ou excessif des écrans est une bombe à retardement pour la santé physique et mentale.
On commence seulement à entrevoir son ampleur.
Omniprésents dans nos vies, les écrans pourraient bien nous métamorphoser à tous les niveaux, y compris physiquement.
Devant eux, il faut avoir la tête haute et non la tête baissée.
En tout cas, la chiropractie et l’osthéopathie ont de beaux jours devant elles.
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On se retrouve la semaine prochaine avec une grande annonce 😎
Sources :
Super intéressant, merci Julien. J'ai cru comprendre qu'en Chine, il y a même un mot pour cela : "Dituzu" désigne "la tribu des têtes baissées" dans le métro de Pékin...
j'ai eu des sueurs froides en lisant le titre de cette NL... Qui était très bonne, comme d'habitude !