👋 Hello, c’est Julien !
J’espère que tu vas bien. C’est déjà la 10ème édition de Screenbreak 🤓
Un rendez-vous déjà culte dans tous les foyers de France. Presque.
Écrire cette newsletter nécessite beaucoup de travail chaque semaine, mais vous me le rendez bien avec vos messages et nos échanges qui en découlent. 😇
Pour ma part, j’étais à Lyon ce week-end pour voir la famille, et j’ai retrouvé mes chats, qui étaient ravis de me voir.
Preuve en image 👇
Trêve de mondanités.
J’avais envie d’explorer un sujet crucial aujourd’hui, qui est beaucoup revenu lors de nos discussions.
Une problématique intimement liée à la modernité technologique, et qui régit entre autres notre relation au travail.
J’ai nommé : la concentration.
Petit teasing 👉 se concentrer de manière ininterrompue à l’âge de la distraction est devenu un super-pouvoir.
J’ai relu pour l’occasion le livre de Cal Newport, éclairant à ce sujet. Publié il y a sept ans, mais plus pertinent que jamais en 2023.
Selon lui, « la concentration est le nouveau QI ».
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Si ce n’est pas déjà fait, tu peux :
1/ Lire les précédentes éditions, notamment celles sur le monde du travail : sortir de la boucle, l’art de la pause, et le multitâche fait tâche
2/ Me suivre sur LinkedIn où j’écris sur le sujet :-)
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🌶 Au menu d’aujourd’hui
Pourquoi cela n’a jamais été aussi dur de se concentrer ?
Les bienfaits du deep work
Protéger et muscler sa concentration
Discutons !
Temps de lecture : 8 min et 3 secondes 🕑
Let’s goooo !!
🤯 Pourquoi cela n’a jamais été aussi dur de se concentrer ?
Petit sondage avant de rentrer dans le vif du sujet (déjà posté sur LinkedIn mais je veux bien la réponse de mes chers lecteurs) 👇
Rester concentré est peut-être le plus gros challenge auquel sont confrontés les travailleurs de la connaissance aujourd’hui.
Première raison : depuis 20 ans, les géants technologiques investissent des sommes astronomiques pour créer des mécanismes addictifs, et capter ton attention au maximum.
Qui dit capture d’attention, dit distraction.
Ces entreprises et leur bras armé, le smartphone, créent un paradigme sophistiqué qui nous interrompt et nous sollicite en permanence.
Résultat 👉 nous sommes constamment dans un état d’alerte et d’agitation mentale.
Nous avons développé un réflexe pavlovien qui nous fait réagir instantanément à chaque notification, chaque stimulus.
D’ailleurs, même sans stimuli externes, notre esprit est constamment sur le qui-vive.
Le cerveau a pris goût à cet échappatoire distrayant, dès que le calme ou l'ennui pointent le bout de leur nez.
Tu t’en doutes, ce schéma n’est pas un terreau fertile pour la concentration.
C’est un cercle vicieux : plus tu habitues ton cerveau à être distrait, plus ta capacité de concentration s’effrite.
Cela fonctionne comme un muscle.
Et ce muscle, quand il est « abîmé », a un impact direct sur ton travail.
Il t’est compliqué de te focaliser sur une seule chose car :
Tu ouvres un autre onglet pour fuir une tâche un peu complexe.
Tu vas sur les réseaux sociaux par réflexe, et tu y restes plus longtemps que prévu.
Tu ne peux pas t’empêcher de regarder tes notifications.
Deuxième raison : le monde du travail devient aussi en parallèle de plus en plus distrayant.
La faute à de nombreuses sollicitations digitales (emails, meetings en visio, messageries internes…).
68% des travailleurs déclarent ne pas avoir assez de temps de concentration ininterrompue au cours de leur journée de travail, selon l’étude réalisée en 2023 par Microsoft.
On sacrifie l'essentiel sur l'autel de l'urgence.
Les open spaces, loin de favoriser la concentration, conditionnent les employés à diluer fréquemment leur productivité.
Le résultat est qu’à cause de ces journées remplies d’interruptions, une sensation désagréable apparaît.
Avoir été occupé toute la journée, être fatigué mentalement, sans pour autant avoir le sentiment d’avoir accompli quelque chose de vraiment significatif.
C’est précisément là que prend le sens le concept de deep work (pardonne-moi d’avance pour cet anglicisme que je vais utiliser pendant toute l’édition).
Cal Newport définit dans son livre deux types de travail spécifiques 👇
Le deep work (ou travail profond) : tâches complexes réalisées dans un état de concentration sans distraction, qui poussent les capacités cognitives à leur limite.
Ces efforts créent de la valeur, améliorent tes compétences et sont difficiles à reproduire.
Le shallow work (ou travail en surface) : tâches non exigeantes sur le plan cognitif, qui requièrent peu d’attention. Ces efforts ont tendance à ne pas créer beaucoup de valeur et sont faciles à reproduire.
Une distinction simple, mais puissante.
Cal Newport définit le paradoxe actuel : le deep work est de plus en plus rare, mais aussi de plus en plus précieux. 💎
Les distractions internes et externes font que trouver l'espace physique et mental pour des sessions de travail profond est devenu un véritable défi.
D’ailleurs, selon l’Anatomy of Work 2023, les collaborateurs consacrent d’ailleurs 58% de leur journée de travail aux tâches « work for work », qui correspondent au travail en surface.
Ces tâches sont nécessaires mais ne sauraient suffire à permettre le bon développement d’un travailleur.
Le phénomène du présentéisme digital (« montrer » que l’on est connecté ou que l’on travaille) est un symbole de cette mécanique qui est tout sauf propice au travail profond.
La concentration ne peut pas avoir lieu lorsque l’on est connecté et/ou stimulé en permanence.
Pourtant, nous allons le voir, le deep work est ce qui rend le travail substantiel et épanouissant.
☀️ Les bienfaits du deep work
L’efficacité du travail
Dans l’édition sur le multitâche, on a vu que chaque interruption engendre une perte de temps bien supérieure à la durée de l’interruption elle-même.
Que tu navigues en solo, que tu sois à la tête de ton entreprise, ou que tu œuvres en tant qu’employé, le deep work se révèle être un atout indispensable pour te distinguer et créer de la valeur ajoutée.
C’est aussi un moyen d'accomplir plus, en moins de temps.
Ce qui veut dire aussi se libérer plus de temps pour te détendre et recharger tes batteries.
Avec une session de deux heures de deep work, tu peux aller plus loin que sur une journée complète en état de semi-distraction.
La qualité du travail
En focalisant ton attention exclusivement sur une tâche, tu fais moins d’erreurs et tu te donnes l’opportunité d’explorer le sujet en profondeur, d’aiguiser ta réflexion, et in fine de booster ta créativité.
L’équation est toute bête :
Qualité du travail produit = Temps passé x Intensité de la concentration
Sans tomber dans un catastrophisme cliché, avec l’arrivée fracassante de l’IA, il est évident qu’apprendre à maîtriser l’art de la concentration profonde va être de plus plus fondamental.
Pouvoir accomplir des tâches complexes, et acquérir des compétences à forte valeur ajoutée.
Cal Newport le dit d’ailleurs en ces termes :
« Les personnes qui cultivent cette capacité vont prospérer tandis que les autres auront du mal à trouver leur place. »
Le bien-être
La sensation de produire du travail en profondeur est satisfaisante. Le sentiment du devoir accompli.
Le besoin d’accomplissement est d’ailleurs en tête de la fameuse pyramide de Maslow (la seule chose dont je me rappelle de mes cours d’école de commerce 🤓) :
Le deep work est un ingrédient pour se sentir mieux par rapport à son job, et à sa vie en général.
Les journées pleines de distraction sont aussi celles qui génèrent du stress et de l’anxiété.
Au contraire, le deep work est intimement lié avec l’idée de l’état de flow.
Le flow est caractérisé par un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans l’accomplissement d’une activité.
C’est donc différent du deep work : il ne s’agit pas d’une discipline, mais d’un état psychologique.
Tu l’as sûrement déjà vécu, que ce soit dans le travail ou sur une autre activité.
Un sentiment d'immersion totale où tu perds la perception du temps.
C’est un état naturel, mais qui peut être initié par une session de deep work.
Les sportifs appellent cela « être dans la zone ».
C’est une expérience riche, qui donne du sens à tes efforts.
Un moment consacré à une seule tâche où tu sens un progrès consistant dans sa réalisation.
Le flow désigne l’état mental qui peut caractériser une session de deep work réussie.
Ce concept a été élaboré par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi (on y reviendra dans un prochain numéro).
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Il y a un coût d’opportunité colossal à l’échelle individuelle de ne pas se libérer du temps pour le deep work, et d’entretenir une relation saine avec le digital pour éviter les distractions.
Protéger des périodes de focus intense est un vrai chemin vers le bien-être au travail.
🌊 Protéger et muscler sa concentration
Cal Newport utilise bien le terme de compétence pour définir le deep work, sous-entendant que cela s’apprend, que cela s’entraîne.
Ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie.
Plus on travaille sa concentration, plus on est capable de se concentrer plus souvent, et plus longtemps.
Cela nécessite donc de la préparation, et surtout, de comprendre que c’est un chemin.
C’est de la musculation mentale.
« Beaucoup de gens pensent que la concentration sans distraction est une habitude, comme utiliser du fil dentaire – on sait comment faire mais on doit simplement prendre le temps de le faire plus souvent.
En réalité, le deep work est une compétence à acquérir, une chose que vous ne pouvez pas savoir faire si vous ne vous entraînez pas. »
Pour initier une session de deep work, voici quelques conseils (qui marchent sur moi) 👇
Premièrement, il s’agit de diriger ton attention intentionnellement.
Mono-tasking : planifier quelle tâche (au singulier) tu veux réaliser. Une tâche à forte valeur ajoutée. Laisse tout le reste de côté et focalise-toi sur celle-là. L’intention est clef.
Time-boxing : planifie quand tu vas faire la tâche. Privilégie les moments où tu sais que tu as plus de facilité à te concentrer. Choisis aussi combien de temps. Une durée précise de focus est importante pour créer la dynamique.
Le deuxième facteur est de designer ton environnement et protéger ton espace de concentration.
Mets le téléphone dans une autre pièce : éviter le eye contact
Supprime des notifications sur l’ordinateur : Slack, Teams, emails
Supprime les onglets : ceux qui ne vont pas servir directement la tâche
Mets un casque anti-bruit : pour éviter le dérangement sonore
Utilise un bloqueur d’apps : par exemple avec une extension comme Freedom pour éviter d’aller sur les sites problématiques
Bonus : si tu as déjà travaillé dans une bibliothèque ou dans un co-working, tu as sûrement déjà expérimenté le pouvoir de la facilitation sociale.
Ce concept fait référence à l’amélioration de la performance induite par la présence réelle ou implicite d’autres personnes.
L’accountability permet de créer un momentum, de se mettre une pression positive.
La présence d’autres personnes t’aide à commencer, à te concentrer, et à terminer la tâche.
C’est comme à la salle de sport : si tu as un ou plusieurs « gym buddies », tu as tendance à te surpasser, à faire l’extra-mile que tu n’aurais pas fait tout seul.
Avoir quelqu’un ou un groupe qui te rend accountable, avec qui tu vas communiquer tes intentions pour tes tâches complexes, peut être super utile.
Parfois c’est intéressant de chercher une motivation extrinsèque. Ça marche.
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Discutons !
Evidemment, ce sont des astuces éprouvées pour commencer et s’initier au deep work, mais il y a de nombreuses autres questions à se poser.
C’est d’ailleurs sur cette science de la facilitation sociale et sur la valeur du deep work aujourd’hui que j’ai commencé à réfléchir à un projet.
Si tu es freelance / entrepreneur / salarié, et que
Tu ne produis pas assez de deep work à ton goût
Tu as du mal à garder ta concentration
Envoie-moi un message sur LinkedIn ou réponds à ce mail, j’aimerais beaucoup discuter avec toi :)
S’entraîner au deep work permet de développer une relation vertueuse avec son travail, et de déplacer des montagnes.
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Voilà pour aujourd’hui, merci d’avoir lu jusqu’au bout 🫶
Mets un petit ❤️ si ça t’a apporté de la valeur, et un commentaire avec ton ressenti !
A la semaine prochaine 💌
Julien
Sources :
« Deep work : rules for focused success in a distracted world » de Cal Newport.
https://socratic.dev/deep-work-et-flow-state-a-lere-du-travail-a-distance
https://everlaab.com/comment-se-concentrer-avec-le-deepwork/
https://www.verywellmind.com/an-overview-of-social-facilitation-4800890
https://flown.com/what-is-deep-work-your-easy-to-digest-guide
https://drkristygoodwin.com/why-your-hybrid-team-needs-digital-guardrails/
https://phase.undock.com/why-deep-work-is-so-valuable-in-the-modern-workforce/
https://thedoctorskitchen.com/the-future-of-work-with-cal-newport
Grosse fan du pouvoir de la facilitation sociale par ici 🙋🏻♀️ j’ai mon petit coin parfait dans un café à côté de chez moi où je planifie toutes mes sessions de deep work.
Level de facilitation sociale dans l’open Space du boulot par contre 👎🏼😆
Superbe newsletter comme toujours. Intéressant le concept de "facilitation sociale" - merci d'avoir mis le mot sur cette réalité qui m'est tout à fait familière !