👋 Hello, c’est Julien !
J’espère que tu vas bien.
Bienvenue dans l’édition #39 de Screenbreak 💌
On est 1807 ici, de quoi remplir toutes les places du théâtre des Folies Bergère.
C’est désormais une audience, une vraie.
Transition toute trouvée car cela fait plusieurs mois qu’on échange uniquement par mail.
Frustrant quand on parle toutes les semaines de déconnexion.
Avec Ludovic, mon acolyte et hôte du podcast Screenbreak, on s’est dit que ce serait génial de se retrouver physiquement.
Pour cela on organise un afterwork dans un joli lieu à Paris le mardi 9 juillet, pour une petite rencontre avec les lectrices et lecteurs de Screenbreak.
L’occasion rêvée de passer du bon temps, déconnecté, et de voir du beau monde ! Si tu veux venir, dis-le moi ici 🍻🍷
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Place au sujet du jour.
Une app incontournable de notre quotidien et notre vie sociale, mais une grande oubliée dans l’économie de l’attention.
Aujourd’hui, on tente de capturer les différents visages de WhatsApp.
🍔 Au menu
Brève histoire de WhatsApp
Les usages en France
Je t’aime moi non plus
La galaxie Meta
La sociabilité à l’ère numérique
Choisir sa sourdine
🕑 Temps de lecture : 6 min et 2 secondes
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Organiser une conférence/intervention. 🎤 Objectif : sensibiliser et donner des pistes d’actions à mettre en place, au travail et à la maison.
Let’s gooo
📜 Brève histoire de WhatsApp
Le nom WhatsApp est un clin d’œil à la formule anglophone « What’s up? » (Quoi de neuf ?).
Peut-être était-ce évident pour certains, moi je n’avais jamais tilté avant d’écrire ces lignes 🫠
Créée il y a 15 ans, quelques dates phares jalonnent la jeune histoire de l’application 👇
2009 : Jan Koum et Brian Acton, deux anciens employés de Yahoo, lancent WhatsApp avec pour objectif de construire une alternative au SMS.
Anecdote cocasse : ils ont tous les deux postulés chez Facebook à la sortie de Yahoo, et se sont fait recalés.2013 : WhatsApp dépasse les 350 millions d'utilisateurs actifs mensuels. Le rythme d’inscriptions est d’1 million par jour à ce moment-là, ce qui propulse la start-up au sommet des services de messagerie.
2014 : WhatsApp est racheté par Facebook, devenu Meta, pour environ 22 milliards de dollars. Avec seulement 55 salariés, tous devenus millionnaires. L’app vient de dépasser les 500 millions d’utilisateurs dans le monde.
2018 : Lancement de WhatsApp Business à destination des entreprises, pour leur permettre d’avoir une présence commerciale et communiquer directement avec les clients. En 2023, on y totalise 50 millions d’utilisateurs (pros).
Dans la même année, les fondateurs historiques quittent la boîte, suite à un désaccord avec Facebook concernant…l’utilisation des données personnelles. On y revient un peu plus tard.Avril 2024 : Lancement de l’assistant Meta AI sur WhatsApp, une IA générative à qui les utilisateurs peuvent parler et demander moult choses. Ils se lancent dans la course comme les autres. On ne se refait pas.
Si je reprends ce schéma partagé dans l’édition sur ChatGPT, WhatsApp est très bien placée dans la hiérarchie des croissances fulgurantes.
Ils ont atteint les 100 millions d’utilisateurs en seulement 3 ans et demi.
Aujourd’hui, WhatsApp est devenu incontournable 👇
2 milliards d'utilisateurs actifs dans le monde
140 milliards de messages sont envoyés chaque jour sur la plateforme (2023). Soit 1,6 millions de messages chaque seconde.
🇫🇷 Les usages en France
63,7 % des Français de 16 à 64 ans (connectés à Internet) utilisent WhatsApp.
Si on prend la population globale, c’est 57 % qui ont été actifs dans les 3 derniers mois.
En particulier, 71% pour les 25-34 ans.
D’autres pays ont un taux de pénétration bien plus important. Au Brésil par exemple, 98,9% des gens qui ont un téléphone ont WhatsApp.
À l’origine seulement utilisée pour discuter à moindre coût avec des proches à l’étranger, désormais WhatsApp est utilisé pour tout et partout.
Elle s’est intégrée avec fracas dans la vie sociale des Français.
Tout est là : c’est pratique, c’est gratuit, c’est intuitif.
Que l'on soit un ado ou une grand-mère, WhatsApp est transgénérationnel. L’utiliser nécessite uniquement un numéro de téléphone et une connexion Wifi.
Les groupes familiaux et amicaux se sont multipliés, notamment depuis la crise sanitaire.
Et WhatsApp jouit d’une très bonne image : elle apparaît comme innocente comparée aux autres réseaux sociaux.
72% des Français en ont une opinion positive, contre 29% pour Tiktok à titre de comparaison.
On ne s’en méfie pas, pourtant bien des comportements néfastes sont ancrés par WhatsApp.
Même cette perception positive, beaucoup de gens ont une relation conflictuelle avec l’application, dont l’usage excessif et compulsif impacte notamment la concentration et la charge mentale.
💔 Le « je t’aime moi non plus »
Les désagréments bien identifiés, selon une étude de l’IFOP en 2023 :
63% ont déjà mis des discussions WhatsApp en sourdine
58% sont souvent dérangés par le nombre trop important de messages
51% se sentent obligés de répondre et ressentent de la pression
Tu connais sans doute le fameux groupe « FAMILY ».
Désormais, ça va plus loin. Toutes les choses ou événements auxquels on prend part dans la « vraie vie » se dédoublent dans ce monde parallèle des groupes WhatsApp.
En moyenne, les utilisateurs français appartiennent chacun à 4,6 groupes.
En 2023 :
34% des personnes disent se sentir prisonnières de ces groupes
42% estiment qu’il s’agit même d’un « travail à temps partiel »
Ces études ont été réalisées après le buzz monumental du tweet d’un père de famille qui se sentait dépassé.
Un matin de janvier 2023, après une énième notification de message, il explose et envoie à sa famille sa lettre de démission 👇
Pour les non-anglophones, je traduis :
« Je ne supporte plus de toujours devoir rire ou aimer ou ajouter des petits cœurs à chaque pensée, photo ou blague publiées ici.
Pour tous les futurs messages : oui, j'aime, je ris, je compatis avec vous, sauf si c’est mauvais. Pour l’éternité !
Mais je ne peux plus vivre avec cette pression, je pars »
Au fil du temps, ce groupe s’est transformé pour lui en véritable pollution virtuelle.
En discutant autour de moi, cet épuisement lié au trop-plein de sollicitations numériques, notamment les messages, est réel.
Ce sentiment d’être toujours derrière et de devoir rattraper le fil.
Son accumulation sur WhatsApp ou Messenger forge petit à petit une charge mentale quotidienne. Et avec elle, une injonction sous-jacente à l’immédiateté.
Quand on a rejoint plusieurs groupes, on peut recevoir des notifications toutes les 10 minutes si on ne les a pas désactivées.
Dans le monde, l’utilisateur moyen ouvre l’app 911 fois par mois, soit plus de 30 fois par jour.
3 inclinaisons expliquent cette relation problématique et parfois compulsive avec WhatsApp 👇
L’injonction à l’urgence : comme évoqué dans l’édition sur l’état d’urgence, on est programmés pour réagir à tous les stimuli : c’était une question de vie ou de mort pour nos ancêtres.
Notre esprit réagit toujours à chaque notification comme s'il s'agissait d'une menace. Notre cerveau pense que chaque notification est urgente, même si elle n'est pas importante. Résultat : on est constamment en alerte.La validation sociale : WhatsApp est une machine à récompenses variables pour ton besoin inné de connexion. Une notification te donne inconsciemment une petite décharge dopaminergique, car cela signifie que quelqu'un veut entrer en contact avec toi.
Que ce soit une réaction positive ou la poursuite d’une conversation, cela stimule un sentiment de validation sociale. Plus le temps passe, plus ce comportement se renforce et le check de WhatsApp devient un réflexe.Le FOMO : même sans notifications, il y a une peur de manquer quelque chose (Fear Of Missing Out) qui se développe.
Tu peux recevoir des messages 24h24 et vu la multiplication des conversations et des groupes, tu peux actualiser très fréquemment pour voir si tu n’a pas reçu de messages, ou loupé des discussions.
🪐 La galaxie Meta
Même si elle est sans publicités et semble plus innocente que les autres, WhatsApp est tout sauf anodine dans la galaxie du groupe Meta.
Et c’est logique : si Meta a racheté WhatsApp 22 milliards de dollars et nous la fournit gratuitement, c’est bien qu’ils en font quelque chose.
Depuis 2016, WhatsApp partage au groupe toutes les données de connexion, appelées métadonnées (on ne peut pas donner meilleur nom)
Entre autres 👇
Ton numéro de téléphone
Quand tu te connectes
Qui tu appelles, d’où et combien de temps
Le statut des messages (envoyé, réceptionné, lu)
Quel modèle de smartphone tu utilises
Un cocktail qui a un unique but : mieux te connaître, mieux anticiper tes comportements, et finir par capturer au maximum ton temps et ton attention au sein de l’univers Meta.
Les fondateurs de WhatsApp l’ont construit à l’origine en opposition au modèle publicitaire.
Désormais, conscient de ses actes, Brian Acton le dit lui-même : « En fin de compte, j’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs pour un plus grand profit. J’ai fait un choix et un compromis. Et je vis avec ça tous les jours. »
C’est gratuit, à quel prix ?
👥 La sociabilité à l’ère numérique
Dans son livre « Reclaiming conversation », Sherry Turkle expose deux types de communications différents :
La connexion : typique des discussions en ligne, communication nécessitant peu d’engagement et de présence
La conversation : typique des discussions dans la vie réelle, communication plus riche et engagée
Jusqu’il y a quelques décennies, les interactions humaines se limitaient à cette dernière. C’est, selon l’auteure, la chose la plus humaine et la plus humanisante que nous faisons au quotidien.
La conversation oblige notre cerveau à interpréter une multitude d'informations subtiles chez autrui : la gestuelle, les expressions faciales, le regard, le rythme et le ton de la voix…
La conversation est à la fois une caractéristique et un besoin de notre espèce. C’est grâce à elle que l’on apprend vraiment des autres, que l’on apprend à écouter, et que l’on se développe socialement.
Face à ça, le virtuel est une promesse de moindre effort : avec Whatsapp ou Messenger, on peut échanger rapidement avec tout son cercle social.
Ce qui permet à court-terme de satisfaire ce besoin de sociabilité.
Cependant, depuis des dizaines de milliers d’années, le cerveau est configuré pour les interactions avec autrui en temps réel, face à face.
Le virtuel ne remplit pas réellement son besoin fondamental de sociabilité, et nourrit à long-terme le sentiment de solitude.
Bien sûr, WhatsApp est super pratique pour certains cas d’usage, mais il ne faut pas que cela remplace quasi intégralement les interactions physiques.
Paradoxalement, l'utilisation de WhatsApp reste assez facultative pour la majorité des personnes. 72% estiment qu’ils pourraient se passer de WhatsApp pour leur vie sociale. À voir.
🔇 Repenser la sourdine
Je liste dans cette partie quelques règles que j’ai mis en place personnellement avec WhatsApp. Je pense que c’est important pour tous de prendre un petit temps pour repenser certains paramètres.
Je regarde quasi uniquement WhatsApp sur la version Web (et j’utilise Freedom pour m’empêcher d’aller le voir pendant certaines sessions)
J’essaie d’ouvrir Whatsapp qu’à heure fixe et définie (une fois le matin et une fois le soir)
J’ai supprimé les notifications de mon téléphone
J’ai enlevé la fonctionnalité « présence en ligne ». Personne ne peut voir quand j’ai été en ligne pour la dernière fois. Je ne peux pas voir non plus celle des autres.
L’important est de tester ce qui marche pour toi et permet d’éviter ce côté compulsif. Et limiter le nombre de déclencheurs qui te poussent à ouvrir l'app.
N’hésite pas à partager en commentaire si tu as mis des choses en place pour en faire profiter la communauté !
🍀 La petite inspiration
« Les distractions prennent la place qu’on leur laisse. »
Au-delà de ce schéma, cette phrase est symbolique. Il faut mettre intentionnellement de la friction sur ses distractions. La volonté ne suffit pas.
Et c’est tout pour l’édition aujourd’hui !
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PS : si tu as lu en diagonale, un petit rappel pour l’afterwork du mardi 9 juillet si tu es sur Paris. On organise la première rencontre entre les abonnés de Screenbreak.
C’est l’occasion de se voir physiquement, c’est quand même le thème de cette newsletter !
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Sources :
Ça me fait penser si tu ne connais pas à l'App Treebal, pour la protection de la vie privée. C'est une app française éthique et eco responsable
Je me sens aussi dépassé par WhatsApp, donc c'est triste mais drôle aussi. Je comprends la démission du père.