👋 Hello, c’est Julien!
C’est l’heure de ton date du lundi. Voici la 11ème édition de Screenbreak 💥
En ce 6 novembre, tu fais partie des 342 personnes à vouloir reprendre le contrôle de sa vie digitale, pour muscler sa concentration et améliorer son bien-être global.
Bienvenue aux nouvelles têtes qui ont rejoint le mouvement cette semaine 🤝
Le résultat du sondage de la semaine dernière fût parlant :
Preuve que la capacité de concentration est devenu un enjeu majeur pour la majorité d’entre nous.
Je compte travailler plus en profondeur sur ce sujet dans les prochains mois.
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Le thème d’aujourd’hui n’est pas sexy : on va parler de l’ennui.
Mais promis, pas de manière ennuyeuse.
J’ai exploré plus précisément comment notre rapport à l’attente et au vide a évolué avec l’arrivée de nouvelles technologies.
Et comment l’ennui est pourtant intimement lié à la créativité et la concentration.
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Avant de commencer, tu peux :
Me suivre sur LinkedIn où j’écris sur le sujet :-)
Prendre un créneau pour discuter ensemble de tes habitudes digitales, et repartir des conseils personnalisés et une direction. Pour le moment c’est gratuit 😳
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🌶 Au menu d’aujourd’hui
Une espèce en voie de disparition
Les vertus de l’ennui
Le challenge de la semaine
La trouvaille insolite
Temps de lecture : 8 min et 3 secondes 🕑
🐾 Une espèce en voie de disparition
En 2014, une équipe de chercheurs des universités de Virginie et d’Harvard, menés par Timothy D. Wilson, ont fait une expérience avec 55 individus.
Voici le topo :
Seuls dans une pièce pendant 6 à 15 min
Privés de musique, de lecture, de possibilité d’écrire, et évidemment, de smartphone.
L’expérience se déroula en deux parties.
Première phase
Les scientifiques ont d'abord évalué la réaction des participants à différents stimuli, comme des images choquantes ou de légers chocs électriques, qui devaient les classer de plaisants à très désagréables.
Ils leur ont demandé ensuite si ils étaient prêts à payer 5 dollars pour éviter le choc électrique.
Ceux qui étaient prêts à payer pour y échapper ont continué l’expérience.
Deuxième phase
Les participants restants furent invités à rester seuls pendant 15 minutes, cette fois-ci sans rien faire et sans aucun stimuli.
Toutefois, ils pouvaient choisir de s'infliger un choc électrique à tout moment en appuyant sur un bouton.
Résultat 👇
18 personnes (43% des participants) ont choisi de s'auto-infliger au moins un choc électrique durant ce laps de temps.
Un participant est allé jusqu'à se mettre une décharge 190 fois (bon, lui il est peut-être un peu chelou).
Les chercheurs en ont déduit que beaucoup de gens préfèrent souffrir uniquement pour échapper à l’ennui.
Il préfèrent que quelque chose se passe, même si c’est négatif.
Pour ne pas se retrouver seuls face à leurs pensées.
Te reconnais-tu dans une ou plusieurs des situations suivantes ?
Il est 18h27, tu as fini de te préparer et tu dois partir de chez toi à 18h30 pour un rendez-vous : tu prends ton téléphone pour scroller durant ces 3 minutes de battement.
Tu es dans une file d’attente : tu sors instinctivement ton téléphone de ta poche pour faire le tour des apps, regarder une vidéo YouTube ou checker tes emails.
Tu as un trajet de 10 minutes à faire : tu mets de la musique ou un podcast dans les oreilles comme un réflexe.
C’est une évidence : notre rapport à l’ennui et à la solitude a brutalement changé avec l’arrivée des nouvelles technologies, et en particulier du smartphone.
On a toujours voulu échapper à l’inaction. Au début de notre Histoire, par nécessité et désir de survie.
Aujourd’hui, la technologie nous facilite grandement la tâche pour combler le « vide ».
L’accès à une infinité d’informations et de contenu stimulant est à portée de main en permanence.
Le problème : plus on y cède, plus le cerveau en redemande.
On a habitué notre circuit de récompense à remplir le moindre instant d’inaction avec de l’auto-stimulation technologique.
De ce fait, on en réclame toujours plus.
Aujourd’hui, le marché de l’attention, c’est :
Des contenus de plus en plus courts.
Des plateformes de mieux en mieux designées pour capter l’attention
La moindre seconde de flottement devient ainsi une opportunité idéale pour une nouvelle distraction.
Elles peuvent s’insérer dans chaque petit moment de vide, partout et tout le temps.
Mais tu t’en doutes, c’est un cercle vicieux 👉 à chaque fois que tu cèdes à une distraction quand tu t’ennuies, tu deviens de plus en plus intranquille à chaque moment d’inaction.
Plus besoin d’une intention particulière pour prendre son téléphone.
C’est devenu instinctif et ancré profondément dans les mécanismes cérébraux.
Ce n’est donc plus seulement une question de volonté.
Prendre un temps mort, dépourvu de toute stimulation extérieure, est devenu quasi mission impossible.
Pourtant, lutter contre l'ennui avec le téléphone s'avère souvent contre-productif.
Il finit ironiquement par accentuer le sentiment d'ennui et de perte de temps.
Et cela entraîne souvent une culpabilité de n’a avoir pas consacré ce temps à une activité plus enrichissante.
🪄 Les vertus de l’ennui
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre» - Blaise Pascal
Tu connais sans doute la fameuse formule qui dit qu’on a souvent les meilleures idées sous la douche.
Eh bien… c’est pas faux.
Sous la douche, en marchant…tes inspirations les plus pertinentes viennent fréquemment des moments où tu ne fais rien.
Ou plus précisément, rien qui nécessite de la réflexion.
En te douchant, tu ne peux pas t'échapper ou jouer à Angry Birds pour te divertir (belle référence de 2012) 🐦
Dans son livre Stolen Focus (véritable pépite que je te recommande), Johann Hari nous dit ceci 👇
« La créativité ne consiste pas à créer une nouvelle chose qui émerge du cerveau. C'est une nouvelle association entre deux choses qui existaient déjà.
Le vagabondage de l'esprit permet de développer des cheminements de pensée plus larges, ce qui permet de faire plus d'associations d’idées »
Cette citation vient de son ami Nathan Spreng, neuro-scientifique.
Paradoxalement, ce n’est pas forcément dans les moments de travail acharné que l’on fait travailler sa créativité.
Dans les moments comme la douche, en pilotage automatique, le cerveau fonctionne de manière chaotique.
Sans distractions, en faisant une tâche qui ne nécessite pas de réflexion : le cerveau commence à relier des idées disparates et à résoudre des problèmes.
Laisser son esprit se promener peut permettre de :
déverrouiller des idées cachées
faire des connexions insoupçonnées
faire émerger de nouvelles perspectives
En cas d’hyper-stimulation (via le smartphone par exemple), cette mise en veille ne fonctionne pas : on n’est pas en train de s’accommoder avec sa conscience.
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L’Histoire est pleine d’innovateurs, artistes et scientifiques qui passaient beaucoup de temps à laisser leur esprit vadrouiller.
Albert Einstein par exemple, avait l’habitude de s’éloigner de longues heures de son travail de physicien pour laisser les idées divergentes venir à lui.
Il faisait régulièrement des promenades, se rendait dans des cabanes isolées dans les montagnes, jouait du violon ou naviguait en mer avec son bateau en bois.
Et il revenait au travail avec de nouvelles idées, qui l’ont poussé à devenir ce qu’il est devenu.
Einstein disait d’ailleurs que « l’imagination est plus importante que la connaissance ».
Aurait-il établi ses théories de la relativité s’il avait acheté le dernier iPhone et qu’il était niveau 796 à Candy Crush ?
Dans ce monde qui prône l’accélération, les moments de pause permettent d’éviter une fatigue mentale, et réduire l’anxiété et le stress.
Ralentir, pour mieux observer, et mieux se diriger ensuite.
Le livre Deep Work de Cal Newport dont on parlait dans l’édition de la semaine dernière, est une nouvelle fois éclairant sur ce sujet.
Selon lui, apprendre à s'ennuyer aide à se concentrer quand c’est nécessaire.
La raison est simple : si tu habitues ton esprit à te distraire à chaque fois que tu t’ennuies, tu ne le tolères plus.
Tu n’apprends à ne pas résister aux stimuli.
L’ennui est donc partie intégrante d’une culture de « deep work » : savoir travailler en profondeur pour créer de la valeur.
En s’auto-stimulant dès le moindre moment off, on passe à côté de cela.
Comme l'explique Cal Newport 👇
« De la même manière que les athlètes doivent prendre soin de leur corps en dehors de leurs séances d'entraînement, vous aurez du mal à atteindre les niveaux les plus élevés de concentration si vous passez le reste de votre temps à fuir le moindre soupçon d'ennui »
Embrasser l’ennui, c’est donc s’entraîner à se concentrer intensément.
Quand on y pense, c’est assez logique.
Si tu fais peu de sport et qu’en parallèle tu manges des beignets au chocolat tous les jours, tu ne vas pas courir un marathon.
Si dès que tu ne travailles pas, tu te distrais tout le temps (souvent en multitâche), tu ne vas pas soudain être capable de t’asseoir et de te concentrer quatre heures d’affilée.
Il y a des vertus créatives et productives aux moments d’inaction.
Encore s’agit-il de ne pas les voir (à l’échelle individuelle mais aussi à l’échelle du collectif), comme des faiblesses, mais comme des potentiels instruments de bien-être et de productivité.
N’hésite pas à sauter dans le vide.
💪 Le challenge de la semaine
Conscient que je suis un très mauvais élève sur cette thématique de l’ennui, j’ai piqué ce défi du livre Bored and Brilliant, de Manoush Zomorodi.
Elle part du constat que les périodes où nous cherchons le plus à vaincre l’ennui avec notre téléphone, sont celles où nous nous déplaçons (marche, transports…).
Le challenge consiste à laisser son téléphone hors de portée dès tu te déplaces, par exemple dans ton sac.
Faire l’effort de faire ses trajets sans musique, sans autre stimulation que le réel et ce qui se passe autour de toi.
L’idée est de ne pas le regarder avant d’être arrivé à destination.
J’ai tenté ce défi ces trois derniers jours.
Rien dans les oreilles, rien dans la main durant les moments de transit.
Ce que j’ai observé :
Le premier trajet était un peu bizarre, mais dès le deuxième j’ai commencé à prendre plaisir dans l’observation attentive de mon environnement
J’ai eu le sentiment d’être plus clair d’esprit en arrivant à la fin de mes trajets
J’ai eu beaucoup d’idées de sujets à creuser, et me suis fait des réflexions que je n’avais jamais eu auparavant
✈️ L’upgrade du challenge
Si tu veux aller plus loin, pendant tes trajets, observe ton environnement et note 3 choses que tu n’avais jamais vu auparavant.
À Paris, et ne serait-ce que niveau architecture, j’ai observé des choses incroyables que je n’avais jamais remarqué et qui pourtant sont juste à côté de chez moi.
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Si ça te tente, essaie pendant une journée et dis-moi par retour de mail comment tu t’es senti !
NB : curieux de savoir aussi si tu aimes bien ce défi unique comme élément actionnable de la newsletter ☺️
🍀 La trouvaille de la semaine
Robert Silk, 49 ans, a créé une nouvelle discipline d’endurance : s’asseoir sans rien faire le plus longtemps possible.
Ça s’appelle l’extreme-sitting.
C’est le boss final de l’ennui, tu peux pas le tester.
L’activité consiste à rester assis dans des environnements extrêmes, du lever au coucher du soleil, sans appareil électronique.
Selon son créateur : « l'idée est de se contenter d'être et de ne pas faire grand-chose »
Si tu veux en savoir plus, voici son site ici.
Merci à Diane de m’avoir fait découvrir cette activité hors-normes, je t’invite à lire sa newsletter Chapitre où elle démystifie l’écriture d’un roman. Processus qui nécessite beaucoup de moments de réflexion avec soi-même, et d’ennui 😎
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Et voilà pour aujourd’hui, merci de m’avoir lu jusqu’au bout.
En espérant que cela t’ait apporté un peu de réflexion sur ton quotidien.
J’ai deux derniers services à te demander :
Mets un petit like (❤️ en dessous du titre) ou un commentaire avec ton ressenti, ça fait toujours plaisir et ça m’aide.
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A la semaine prochaine 💌
Julien
Sources :
Deep Work, Cal Newport
Stolen Focus, Johann Hari
Indistractable, Nir Eyal
Bored and Brilliant, Manoush Zomorodi
https://www.newyorker.com/culture/annals-of-inquiry/what-does-boredom-do-to-us-and-for-us
https://www.presse-citron.net/la-technologie-tue-ennui-prix/
Lecture très intéressante, le sujet est bien abordé et sourcé ! Cependant je pense qu'on pourrait préciser le type de distraction, entre celle à outrance avec du contenu loisir (contenus sur des sujets abordés avec dérision ou sans sérieux) versus celle des contenus plus "sérieux", qui s'apparente plus à de l'autoformation/enrichissement culturelle. Par exemple le trajet du matin de 30 min (pas grand chose à découvrir dans la rame de métro) avec des podcasts techniques sur l'économie, la science, la philosophie ou encore la lecture de Substack, permet je pense, et en tout cas pour moi, d'enrichir ma culture et ainsi d'apporter de nouvelles idées à mon cerveau quand il réfléchi sous la douche!
Merci pour ton boulot, je m'abonnes! :)
Merci pour la mention !! Quid d'organiser un extreme sitting dans Paris un de ces jours ? 😂