👋 Hello, c’est Julien !
J’espère que tu te portes bien.
De mon côté, ressourcé après une petite bulle de déconnexion ce week-end en Normandie.
C’est l’heure de ton date du lundi, numéro #24 💌
On est 796 désormais. Prochaine étape, les 1000 ?
Petite question d’ailleurs pour mieux te connaître 👇
L’édition d’aujourd’hui est une réflexion sur notre manière de penser la productivité à l’ère digitale.
Qu’est-ce qu’être réellement productif aujourd’hui ?
📝 Au programme du jour
L’église au centre du village
La technologie comme carburant de l’agitation
Accorder travail & neurobiologie pour en tirer le meilleur
La trouvaille
🕑 Temps de lecture : 7 min et 3 secondes
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Let’s go
⛪ L’église au centre du village
Le succès d’une entreprise repose sur les ressources humaines : des collaborateurs rémunérés pour utiliser leurs compétences et leurs cerveaux, afin de produire de la valeur.
C’est la même chose pour l’entrepreneur individuel, sauf qu’il n’y a qu’une seule ressource. Le cerveau reste le plus gros asset.
Le bon sens nous inviterait à cultiver un environnement où les cerveaux sont dans les meilleures dispositions pour produire un output supérieur.
Designer routines et rituels pour une « utilisation optimale » de ces ressources, et exploiter ce capital intellectuel.
Et pourtant, quelques chiffres montrent qu’il y a un vrai problème :
68% des personnes déclarent ne pas avoir assez de temps de concentration ininterrompue au cours de leur journée de travail
80% des collaborateurs souffrent de « surcharge d’informations » en 2022. Ils étaient 60% en 2020.
64% des employés n’ont pas assez de temps ni d’énergie pour « get work done ».
C’est une preuve qu’il y a quelque chose de cassé. Et donc, quelque chose à réparer.
Je soupçonne qu’un début de réponse se trouve dans notre vision de la productivité.
Dans l’imaginaire collectif, on est productif quand on est occupé, busy, que l’on enchaîne.
Dans ce paradigme, on va surtout regarder le nombre d’heures et les efforts visibles fournis. En bref, l’activité.
C’est la hustle culture : on ne peut être efficace qu’on étant « overbooké ».
Est-ce la bonne approche cependant pour maximiser la valeur long-terme pour l’entreprise et pour l’individu ?
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Je suis tombé récemment sur une conférence de Timothée Parrique.
Il expliquait qu’en parlant de la croissance d’un pays, on parlait toujours implicitement de l’augmentation du Produit Intérieur Brut.
Alors qu’en réalité, le PIB est seulement « un indicateur volumétrique d’agitation économique ».
C’est-à-dire un indicateur quantitatif qui mesure l’intensité des flux dans une économie, sa vitesse. Mais sans nous dire dans quelle direction elle va.
C’est donc un indicateur incomplet, qui ne nous dit pas grand chose sur la valeur créé en termes de progrès humain, d’innovation, de durabilité, ou de bien-être.
D’ailleurs, en 2019, la Nouvelle-Zélande abandonne la mesure du PIB pour construire un tableau de bord de 65 indicateurs de santé sociale et de résilience économique.
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J’ose ce parallèle avec la productivité 👉 ce n’est pas parce que notre flux de travail est intense, que sa valeur ajoutée va être élevée.
Il est donc important de redéfinir comment on mesure la productivité, notamment à l’heure digitale.
La productivité réelle, c’est le rendement. La création de valeur, pas le nombre d’heures travaillées.
Définir la performance d’un travailleur par le taux de « busyness », donc d’agitation, est au mieux incomplet, au pire dangereux.
Bien sûr, il ne s’agit pas de mettre en exergue une culture de flemmardise, mais plutôt de prôner un travail plus intelligent.
💻 La technologie comme carburant de l’agitation
On a tous un fardeau numérique qui s’intensifie : le volume d’informations, d’emails, de notifications, de messages, a largement dépassé notre capacité à les traiter.
57 % des collaborateurs utilisent au moins 6 outils et apps tous les jours. C’était seulement 24% en 2020 !
144 emails reçus en moyenne par semaine par les collaborateurs en France. Près de 200 pour les managers, et jusqu’à plus de 400 pour les dirigeants.
Le numérique catalyse cette agitation mentale.
Surtout, cet environnement met le cerveau constamment en état d’alerte. Il met en avant la disponibilité plutôt que la productivité.
De ce fait, on est constamment interrompu : c’est l’avènement de l’Homo Interruptus.
Dans la start-up où j’ai passé 3 ans (de 2020 à 2023), certaines de mes journées ressemblaient à ça :
Je regarde mes emails, je commence à répondre à l’un d’entre eux.
Je reçois une notification Slack.
J’ouvre l’app et y reste un peu car j’ai loupé quelques messages.
Je vais ensuite sur WhatsApp pour voir si un prospect m’a répondu.
J’ouvre un autre onglet car je me suis distrait.
Je reviens sur mon email de départ.
Une danse incessante, entre jonglage et multitâche, qui faisait qu’à la fin de la journée, j’étais fatigué mentalement.
Sans vraiment avancer sur ce qui apportait de la valeur à l’entreprise, et à moi-même.
J’étais partout et nulle part à la fois.
Pour gérer ce flux constant de sollicitations, notre attention se fragmente.
Selon les recherches de Gloria Mark, le temps d’attention devant un écran est descendu à 47 secondes aujourd’hui.
Au fil de l’eau, des « switching costs », résidus d’attention de tâches inachevées, s’accumulent en créant de la charge mentale.
Ces injonctions numériques créent donc une saturation cognitive, en plus de créer de l’insatisfaction et un sentiment d’improductivité.
Elles oublient, en plus, une inclinaison naturelle majeure : ton cerveau est conçu pour aller chercher de l’information, compétence autrefois essentielle autrefois pour la survie.
Or, quand une info t’est transmise directement, comme c'est souvent le cas dans le monde numérique, cela signale faussement à ton cerveau une information urgente et importante.
Et quand tout te semble important, tu passes ta journée à essayer de sortir la tête de l’eau. Et tu bois la tasse.
Le digital alimente cette culture « busyness » : la présence et la valorisation de cet état perpétuel d'agitation.
Ce besoin ressenti de connexion et de disponibilité permanente amène un phénomène de présentéisme digital : on en vient à valoriser la visibilité de l’activité plutôt que son impact réel.
Être et se montrer « sous l’eau » devient un titre honorifique, que l’on porte en étendard.
Ce n’est cependant pas forcément positif quand scruté à l’aune de l'efficacité réelle.
C’est en nous débarrassant de l'agitation superflue que nous créons de l'espace pour ce qui compte vraiment.
Conçus au départ pour améliorer fluidité et efficacité, les outils numériques produisent parfois un effet inverse.
Sournoise, l’hyper-connexion est l’ennemi invisible de la performance et du bien-être.
Difficilement quantifiable, mais pourtant omniprésente.
À partir de ce constat, comment repenser le travail productif ?
🧠 Accorder travail et neurobiologie pour en tirer le meilleur
Cette cacophonie de distractions (internes et externes) atrophie nos ressources cognitives au cours de la journée.
Il faut explorer de nouveaux rituels, de nouvelles manières de voir le travail, qui permettent de tirer le meilleur parti de chacun.
Réconcilier travail et cerveau.
Le travail profond sans distraction
Cal Newport, dans Deep Work, met en avant cette équation 👇
Valeur du travail = (Temps passé) × (Intensité de concentration)
Vaut-il mieux travailler :
2 heures de manière intense, concentrée, sur un seul sujet ?
8 heures en étant constamment distrait et en jonglant entre les tâches ?
La réponse est pour moi évidente. La première idée est d’absolument se préserver une plage de concentration profonde chaque jour.
Sans distractions, notifications, réunions en visio et autres sollicitations.
La condition sine qua non est que les deux parties y participent 👇
-Du côté entreprise : ne pas déranger les collaborateurs qui veulent se concentrer, pas d’injonctions à l’urgence, pas de réunionite.
-Du côté individu : éviter toute distraction (pas de téléphone à côté, pas 30 onglets ouverts…) et communiquer sur le besoin de concentration.
Le travail en profondeur, c’est revenir à l’essence du travail.
Cela mélange à la fois un sentiment d’accomplissement, d’utilité et de satisfaction.
Comme j’en parlais dans cette édition, la capacité à travailler en profondeur se fait de plus en plus rare avec l’avènement du digital, tout en se faisant de plus en plus précieuse.
C’est donc un merveilleux avantage concurrentiel.
On peut sortir la tête du guidon, et mieux réfléchir :
« Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je prendrais 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à penser aux solutions. » - Albert Einstein
Tendre vers l’Homo Focus plutôt que l’Homo Interruptus.
La pause
Quand j’ai lu ce texte d’Arianna Huffington, ça a fait tilt 👇
« Pourquoi en sommes-nous venus à croire que nous sommes plus productifs si nous sommes toujours actifs et que nous devons nous épuiser pour réussir ?
Cela remonte à la première révolution industrielle, lorsque nous avons commencé à vénérer les machines. L'objectif des machines est de minimiser les temps d'arrêt.
Mais pour le système d'exploitation humain, les temps d'arrêt ne sont pas un problème, c'est une caractéristique.
Les athlètes d'élite savent que la récupération fait partie des performances de pointe. Les temps d'arrêt sont un multiplicateur de productivité »
J’évoquais l'art de la pause dans une des premières éditions de Screenbreak.
Il faut accorder le travail avec nos niveaux d’énergie, qui sont naturellement cycliques.
Aller au plus proche de la neuro-biologie : c’est là où on va tirer le meilleur de chaque ressource humaine.
L’être humain fonctionne en sprints, et le repos est inhérent à la productivité réelle.
D’ailleurs, Arianna Huffington, quand elle dirigeait The Huffington Post, avait acheté des MetroNaps pour faciliter les siestes au travail.
Pour ma part, j’ai pris l’habitude d’aller marcher quelques minutes dès que je sens que ma concentration baisse.
La pause est productive. C’est une régénération nécessaire pour le cerveau.
Prendre une pause, c’est investir du temps pour en gagner.
Selon l’étude de Slack réalisée en 2023 sur 10 000 employés, la pause est d’ailleurs utile à de nombreux égards 👇
De la même manière, savoir et pouvoir débrancher, le soir et le week-end, est plus épanouissant et plus productif sur le long-terme.
Toujours connectés et disponibles, on ne laisse pas beaucoup de place à la créativité, aux promenades de l’esprit et aux prises de recul, qui sont au service de notre performance.
Changement d’optique
Il faut récompenser le résultat, et non l’agitation. C’est méritocratique.
En récompensant l’effort, on incite juste à faire plus d’efforts, notamment visibles de tous.
En récompensant le résultat, on incite à se concentrer sur un travail de manière approfondie et pertinente.
En tendant vers cela, on se rapproche du sweet spot qui est de maximiser le rendement en ne sacrifiant pas le bien-être.
En cela, ne pas repenser sa culture digitale est un manque à gagner énorme.
Pour permettre moins d’agitations improductives, et plus de cycles courts et productifs.
Je te laisse avec cette citation d’Edgar Morin :
« À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel »
🍀 La trouvaille
Je t’avais parlé de one sec, cette app que j’affectionne particulièrement sur smartphone.
Elle te permet de remettre de l’intention sur un usage compulsif en te faisant attendre 10 secondes avant l’ouverture d’une app qui te fait du pied.
Idéal pour éviter le scroll réflexe sur LinkedIn, YouTube, Twitter ou Instagram.
Bonne nouvelle, elle est maintenant disponible en extension Chrome.
Voici le lien pour la télécharger 👉 One Sec browser extension
C’est tout pour aujourd’hui.
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A la semaine prochaine 💌
Julien
Sources :
Amen !! La pression à être/paraitre toujours débordé est un des points qui m’a fait quitté le monde de l’entreprise (des agences a fortiori 🤯). Qu’il est salutaire de sortir de ces injonctions à la productivité 🙏