👋 Hello, c’est Julien !
J’espère que tu vas bien.
Bienvenue dans l’édition #30 de Screenbreak 💌
Ça y est, on a passé la barre des 1000.
Mille mercis.
En moins de 20 ans, le digital a bouleversé tous les aspects de notre vie, pro et perso. Sans crier gare, et sans mode d’emploi.
Cela fait maintenant 6 mois que j’ai commencé à plonger au cœur des enjeux induits par l’hyper-connexion, et que je partage mes découvertes.
J’écris Screenbreak pour tenter de tracer une voie.
L’enjeu est crucial : reprendre le contrôle du digital pour préserver son attention et son temps.
Les ressources essentielles pour mieux travailler et mieux vivre.
Et le mouvement prend de l’ampleur, j’en suis ravi.
En parallèle de cette newsletter, j’écris cinq fois par semaine sur LinkedIn.
Ce week-end, j’ai été pris en flagrant délit de comparaison toxique.
Un moment d’anxiété après avoir vu trois posts d’affilée d’entrepreneurs qui mettaient en avant des succès fulgurants.
Et j’ai continué de scroller.
Souvent oublié dans la catégorie des réseaux sociaux à potentiel addictif, LinkedIn a pourtant des arguments à faire valoir.
Comme toutes les autres, la plateforme peut impacter notre efficacité et notre santé mentale.
🍔 Au menu
Brève histoire de LinkedIn
Le rendez-vous de la comparaison sociale
Des faces sombres
Le grand théâtre
Epictète et le soi d’hier
L’astuce
🕑 Temps de lecture : 6 min et 44 secondes
Avant de commencer, tu peux aussi :
Lire des précédentes éditions 😎
Me suivre sur LinkedIn ✌️
Me contacter pour une conférence/intervention en entreprise
C’est partiiiii
🎞 Brève histoire de LinkedIn
LinkedIn fût fondé en 2003 par Reid Hoffman et Allen Blue, en Californie.
Depuis, quelques dates clés 👇
2006 : Barre des 5 millions de membres atteinte
2008 : Lancement en France et ouverture d’un bureau à Londres
2011 : Entrée en bourse et barre des 100 millions d’utilisateurs
2016 : LinkedIn est racheté 27 milliards de dollars par Microsoft (LinkedIn fait donc partie des GAFAM…)
2017 : Franchissement du seuil des 500 millions de membres
2021 : L’entreprise atteint 10 milliards $ de CA
2023 : 1 milliard de membres (!)
Début 2024, la France est le 5ème pays avec le plus de membres au monde sur LinkedIn, avec 29 millions d’utilisateurs.
Je soupçonne que tu en fais partie.
D’abord, je veux dire que j’adore LinkedIn sur plein d’aspects. C’est super efficace pour 👇
contacter d'autres professionnels
s'informer sur les dernières tendances de ton domaine
suivre des leaders d'opinion
explorer des opportunités de carrière
mettre en valeur des travaux/contributions professionnelles
C’est la plateforme incontournable de nos vies pros.
Écrivant sur LinkedIn depuis 6 mois, je me suis malgré tout rendu compte de certains penchants néfastes provoqués par un mauvais usage de celle-ci.
⚖️ La rendez-vous de la comparaison sociale
« La comparaison est une voleuse de joie » - Sénèque
À l’origine, se comparer était un mécanisme de survie, qui facilitait l’apprentissage et l’adaptation. Une aptitude vitale pour nos ancêtres.
On a évolué en apprenant à être sensible et attentif à ce que les autres pensaient de nous, et ce qu’ils ressentaient.
L'appartenance au groupe impliquait une conscience aiguisée des hiérarchies et statuts sociaux.
Bref, on a toujours cherché à nous définir par rapport aux autres : distinct ou similaire, mieux ou moins bien.
Cette inclinaison ancrée dans nos gènes a acquis une nouvelle ampleur au XXIè siècle.
Avec le digital, on a désormais accès à ce que font les autres en forfait illimité et à toute heure du jour et de la nuit.
Pour rentrer dans le vif du sujet, un article de 2019 de Slate disait de manière provocante :
« Si le reste des réseaux sociaux est l'endroit où nous allons pour voir que tout le monde s'amuse plus que nous, LinkedIn est l'endroit où nous allons pour voir que tout le monde a plus de succès que nous. »
En 1954, le psychologue américain Leon Festinger a théorisé les manières dont un individu va se comparer aux autres.
3 directions existent 👇
Comparaison latérale : avec les personnes qui nous ressemblent et sont à notre niveau
Comparaison descendante : avec les personnes qui ont moins que nous
Comparaison ascendante : avec les personnes qui ont plus que nous
C'est souvent à double tranchant.
Une comparaison ascendante peut nourrir une ambition saine, nous donner de l’énergie et nous tirer vers le haut.
Elle peut aussi engendrer de la jalousie, de l’insatisfaction et de l’anxiété.
Une comparaison descendante peut nous faire invoquer de la gratitude envers ce que l’on a.
Elle peut aussi catalyser le dédain, le mépris.
Le problème ne réside pas donc pas dans les comparaisons elles-mêmes, mais dans leur nature souvent irréfléchie. Elles nécessitent beaucoup de discernement.
Aux échecs, la tour est puissante par rapport au pion, mais pas face à la reine.
De la même manière, un poisson peut se sentir énorme dans une petite mare, mais minuscule dans l’immensité de l’océan.
LinkedIn alimente cette propension à se comparer avec un arsenal d’éléments : le profil, le nombre de relations, le poste, les promotions, les likes, le nombre de vues de profil…
La comparaison est facilitée avec des gens que l’on se connaît, mais également qu’on ne connaît pas.
Naturellement, en se mesurant aux autres, on va attribuer des conclusions hâtives à nos propres accomplissements professionnels et notre carrière.
🤯 Des faces sombres
Le besoin irrésistible de comparaison sociale peut alimenter un comportement compulsif.
Une distraction
Ce besoin, accompagné de la possibilité de scroller indéfiniment, forme un duo de choc pour capter le maximum de temps.
Le fameux « juste une minute » en devient souvent 20 ou 30. Temps que tu regrettes instantanément.
Dur de s’arrêter de scroller.
C’est le principe de la récompense intermittente et de la machine à sous : même si 1 post sur 10 est intéressant ou nous procure une émotion, c’est l’espoir qui va nous faire continuer.
LinkedIn est devenu une distraction facile et immédiate : au lieu de se concentrer sur ses tâches, on va aller regarder ce que font les autres.
Le moindre effort couplé à la comparaison. Cocktail gagnant pour le cerveau.
Et, bien sûr, une fois sur la plateforme, LinkedIn veut que tu y restes.
Preuve en est : chaque lien externe mis dans un post fait automatiquement baisser son nombre de vues (c’est chiant pour moi tu l’auras compris).
Chaque notification, chaque like, chaque vue de profil, va générer un shot de dopamine.
Ce qui va signifier à ton cerveau qu’il est intéressant de reproduire le comportement « aller checker LinkedIn pour voir s’il y a quelque chose de nouveau »
Baisse d’estime de soi et anxiété
Cela va même un peu plus loin. L’habitude de consulter LinkedIn peut renforcer cette pression du « suis-je assez ? » qu’induit une comparaison ascendante répétée.
C’est le réseau social de la gagne. A chaque session, on est bombardé d'images de succès et d’accomplissements.
Cette position d’observateur peut déclencher du stress, de l’anxiété quand elle nous met dans l’incertitude.
Le problème est que la comparaison sociale est aussi un réflexe de défense contre l’incertitude, d’autant plus quand on se sent vulnérable.
C’est donc un cercle vicieux 🔄
Plus on se compare, plus on est incertain. Plus on est incertain, plus on veut se comparer.
Le problème est que LinkedIn est un miroir déformant.
On base nos jugements de valeur sur des informations incomplètes.
On se concentre sur un fait unique pour déduire des choses sur toute une personne, sa réussite et son bonheur. Et comparer le tout avec soi.
La réalité est généralement beaucoup plus nuancée.
Le piège est que, comme sur tout réseau social, on compare notre intérieur, nos failles, avec l’extérieur des autres, ce qu’ils veulent bien nous montrer.
Ce décalage amplifie ce sentiment d’incertitude.
Le corollaire de la comparaison sociale est d’ailleurs que LinkedIn induit une mise en avant particulière de soi-même.
Et le réseau devient un bal masqué.
🎭 Le grand théâtre
Inventée par le sociologue américain Erving Goffman, la théorie de la présentation de soi désigne les stratégies que nous mettons en œuvre pour façonner l'image que l’on projette aux autres.
Dans le but de faire bonne impression.
Selon lui, le monde social est un grand théâtre, délimité par des normes, des valeurs, des buts valorisés à atteindre.
Chacun considère inconsciemment le monde comme un théâtre, dans lequel on est en représentation.
C’est une mise en scène : il faut convaincre les autres qu’on est respectable et digne de confiance.
LinkedIn n’échappe pas à la règle. Chacun joue sa partition, les créateurs comme les consommateurs.
En tant que consommateur, on interagit uniquement avec ce qu’on est à l’aise que les autres (ton/ta boss, tes amis, peu importe) voient.
Ce n’est donc pas forcément les posts qui nous intéressent le plus.
C’est la quête de validation sociale : le salut passe par l’approbation et le regard des autres.
Du côté créateur, j’ai bataillé énormément au début. Mes premiers posts sur LinkedIn furent source d’énorme stress.
Pour être honnête, j’avais peur de passer pour un con.
Et plus généralement, c’est le problème de LinkedIn : par peur du ridicule ou du clivage, le contenu partagé est souvent lisse, sans faille, et parfois sans grand intérêt.
Chaque utilisateur, dans son désir de maintenir une image impeccable, se présente d’une certaine manière.
Cette uniformité masque la diversité des expériences individuelles, rendant les comparaisons et les inspirations moins authentiques, donc moins enrichissantes.
La véritable essence de nos parcours et de nos pensées reste en coulisses.
C’est pour cela que j’apprécie beaucoup la tendance du build-in-public, et je compte en faire un peu plus.
🧗 Epictète et le soi d’hier
La comparaison répétée et la quête de validation peuvent être des leviers, mais ce sont souvent des déviations.
On souligne ce qui nous manque, au lieu de faire fructifier ce que l’on a. Et cela peut faire perdre de vue ce qui importe réellement.
Le philosophe stoïcien Épictète nous disait :
« La grandeur de l'âme ne consiste pas à être supérieur aux autres, mais à être supérieur à sa version précédente. »
Oui, je sais, ça fait un peu phrase de « motivation » à deux balles. Mais je crois sincèrement qu’elle peut nous inspirer.
C’est une invitation à diriger son regard vers sa propre progression.
Même si l’herbe est parfois plus verte ailleurs, concentrons-nous sur notre propre pelouse et sa tonte.
Sur LinkedIn, cette perspective prend une dimension particulièrement critique.
La plateforme nous invite constamment à mesurer notre parcours à celui d'autrui, souvent sans considération du contexte, des chemins empruntés ou des efforts fournis.
On peut arriver en face d’un Pokémon niveau 80 alors que nous sommes niveau 5. Et on ne met pas le duel en perspective.
Quitte à se comparer, autant le faire de manière raisonnée, et non impulsive.
C’est pourquoi je mets désormais de la friction sur LinkedIn, car je sais ce que la plateforme peut me faire ressentir parfois.
💡L’astuce
Même avant d’écrire du contenu dessus, j’y allais déjà beaucoup. Cela s’était amplifié.
Il y a quelques mois, j’ai mis en place l’extension News Feed Eradicator, que je n’ai jamais lâché.
Pour faire simple, elle remplace ton fil d’actualité par une citation inspirante.
C’est ce que j’utilise 95% du temps, y compris quand je veux publier ou répondre aux messages.
L’outil nous permet de le faire sans se faire happer par le scroll infini.
Il me sert aussi de rappel de « ah oui c’est vrai, je ne sais pas ce que je viens y faire » quand j’y débarque par réflexe.
1 à 2 fois par jour, je vais intentionnellement débloquer quelques minutes sur l’extension pour aller voir rapidement ce qui se passe dans mon réseau, en essayant d’être un consommateur actif.
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C’est tout pour aujourd’hui !
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Avec cette barre du millier atteinte, je suis curieux de savoir ce qui te fait lire Screenbreak. Tu peux répondre directement à ce mail, ça me ferait plaisir 😊
Et n’hésite pas à partager le lien de cette newsletter autour de toi, ça m’aide énormément !
A la semaine prochaine 💌
Julien
Sources :
https://www.goodingwellness.com/post/fomo-the-perils-of-comparisons-on-social-media
https://en.wikipedia.org/wiki/Social_comparison_theory
https://www.verywellmind.com/what-is-the-social-comparison-process-2795872
https://nickwignall.com/3-psychological-reasons-you-always-compare-yourself-to-others/
https://www.arte.tv/fr/videos/106608-003-A/dopamine/
https://en.wikipedia.org/wiki/LinkedIn
https://medium.com/@haziqsabreen25/putting-the-best-digital-self-forward-in-the-age-of-social-media-d3dbec422b73
https://www.scienceshumaines.com/se-comparer-aux-autres_fr_26770.html
https://slate.com/technology/2019/04/linkedin-stalking-self-loathing-social-media-envy.html
Merci pour cette mise en perspective de LinkedIn, réseau social semblable aux autres avec ses pièges et désillusions ! Ça reste quand même une belle carte de visite lorsqu’on souhaite faire connaître son parcours professionnel.
Mille mercis pour le partage de cette extension et cet article très intéressant !